dimanche 28 juillet 2013

La liberté c'est l'esclavage

L'idéologie du système libéral marchand a opéré depuis trois décennies un véritable retournement du sens des valeurs et des mot sur le modèle de la novlangue orwellienne. Ce retournement du sens aboutit à l'enfermement et au cadenassage mental des populations. Il serait trop long et fastidieux de s'attarder ici sur tous les mots, concepts, valeurs, touchés par ce retournement du sens. Tu peux par exemple te documenter ici ou (et pour ton hygiène mentale je te le conseille fortement).
Pour faire court disons que la novlangue procède selon deux modèles complémentaires qui tendent vers le même but : occulter la réalité et lui supplanter un modèle alternatif compatible avec les stratégies du marketing. Car dans notre monde, camarade, tout dérive du marketing. Et pour le marketing il n'y a que des cibles et des objectifs (quand je te disais que c'est la guerre...).
Donc la novlangue issue du marketing opère selon deux grands principes :

L'euphémisation 


Le procédé consiste simplement à occulter la réalité, il est particulièrement utilisé en politique (la politique, comme chacun le sait ou peut s'en rendre compte très facilement par lui-même en suivant les actualités, est d'abord l'art d'occulter, de rendre invisible, le politique s'apparente ainsi de plus en plus au magicien ou au prestidigitateur dans l'imaginaire moderne). Prenons un exemple simple : en quelques dizaines d'années les clochards se sont transformés, sous l'effet de la novlangue, en sans abris (ce qui fait déjà moins tache et pochetron, tu l'avoueras) puis en Sans Domicile Fixe car dans le paradis triomphant du libéralisme mondialisé, avoir des sans abris faisait un peu tache. On les a donc transformés en SDF, terme à la fois plus technique (ça fait toujours bien un terme technique, ça incite le peuple à penser que les autorités se sont emparés du problème puisqu'elle l'ont renommé dans leur langage occulte) et à la fois plus aseptisé. Le sans abri se transforme donc en sans domicile fixe. Et tout est dans le "fixe", camarade, car cela laisse supposer un état temporaire, transitoire. A la limite la jet set mondialisée qui transite continuellement entre son chalet à Megève, son appartement parisien, son loft à New York et sa villa sur la Côte d'Azur, pourrait prétendre à l'appellation de Sans Domicile Fixe. Tu saisis la subtilité ?
De la même manière les chômeurs qui hantent le paradis libéral se sont transmués en demandeurs d'emplois. Ces derniers doivent d'ailleurs faire preuve de leur recherche active. Ils se transformeront probablement bientôt en "chercheurs d'emplois", terme qui possède une connotation bien plus positive. Le demandeur est passif, le chercheur est déjà à moitié un winner du paradis libéral. Il y a des chercheurs en biologie moléculaire, des chercheurs d'or, pourquoi pas des chercheurs d'emplois ?

De l'euphémisation, camarade, on passe tout naturellement au retournement du sens 

(et c'est là que tu comprends le titre de ce post)

Lorsque la novlangue télé marketée te parle de liberté, il s'agit en réalité de ton esclavage, comme lorsqu'on te parle de paix cela signifie qu'on prépare la guerre. Le concept marketing de "guerre humanitaire" est à cet égard un exemple parfait du glissement de l'euphémisation vers le retournement du sens. Le concept à d'abord servi dans les Balkans pour justifier auprès de l'opinion publique occidentale le bombardement de populations civiles par l'OTAN. Il est à noter que beaucoup de ces "bombes humanitaires" sont à l'uranium "appauvri" (le terme lui-même est un chef d'oeuvre de novlangue puisque l'uranium est en réalité très peu "appauvri" et constitué de déchets nucléaires qui ont conservé plus de 80 % de leur radio activité. Ces bombes "appauvris", bombes pour les pauvres serait plus juste, ont également été utilisées pour "libérer" nos "amis" libyens ou maliens, c'est à dire en réalité pour les coloniser à nouveau.)
Donc une fois la réalité euphémisée grâce au concept de "guerre humanitaire" (en gros on leur balance des bombes sur la gueule mais c'est pour leur bien, car ils sont trop cons et démocratiquement incompétents pour se "libérer" eux-mêmes) on peut ensuite passer tout tranquillement au concept de "guerre préventive" destinée "à éliminer la menace avant qu’elle soit formée", ce qui, tu en conviendras camarade, est un summum de prouesse marketing. Et ce qui rend ce concept, en soi grotesque et imbitable pour un être humain normalement constitué, admissible par des populations entières c'est précisément l'euphémisation précédente acceptée par ces mêmes populations, à savoir la "guerre humanitaire", car, si la guerre peut être "humanitaire", pourquoi dés lors ne serait-elle pas "préventive"? Hein ? En marketing on appelle ça la technique du "pied dans la porte" (alors que moi je dirais plutôt que tu t'es fait enculer, question de terminologie, une fois de plus...).
Mais venons en au fait, camarade, et au titre de ce post. Tu entends tous les jours parler de la "liberté" : liberté d'entreprendre, liberté de penser, liberté d'expression, liberté de la presse, et par dessus tout et qui les résume tous : libre marché. Cette liberté que tu entends revendiquer par leur merdia à longueur de journée n'est pas la tienne, camarade, il s'agit toujours de la leur : la liberté des marchands et des capitalistes. Et leur liberté suppose ton esclavage : c'est leur liberté de te voler et t'escroquer toujours plus, c'est leur liberté de t'exploiter chaque jour d'avantage. Car pour que leur liberté grandisse, il faut que tes droits sociaux et tes garanties syndicales diminuent. C'est pour leur liberté de faire des profits qu'ils ont mondialisé l'économie et  délocalisé le travail. Dans le paradis capitaliste, camarade, la liberté c'est l'esclavage.